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The Conversation - Doctorat : les grandes transformations de la thèse en management

The Conversation - Doctorat : les grandes transformations de la thèse en management

Article The Conversation - Doctorat : les grandes transformations de la thèse en management ?

13 décembre 2021, en partenariat avec la FNEGE

Alors que, dans les pays anglo-saxons ou germaniques, le doctorat est l’une des voies royales pour accéder à des fonctions d’encadrement en entreprise, en France, avec le poids des grandes écoles, le doctorat reste surtout un tremplin vers les métiers de l’enseignement et de la recherche. De fait, en 2013, la Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion (FNEGE) avait déjà montré que 75 % des docteurs en management faisaient le choix de la carrière académique. Cependant, l’accès à un poste universitaire devenant de plus en plus compétitif, le choix de ce débouché, toujours largement majoritaire, est désormais remis en question.

Des travaux plus récents tendent à montrer que l’employabilité en dehors de la sphère académique dépend, pour beaucoup, de l’activité du doctorant en thèse : c’est aussi au doctorant de créer la valeur externe de son diplôme. Ceux qui quittent le monde universitaire se dirigent majoritairement vers les métiers du conseil, ou rejoignent des projets entrepreneuriaux dont l’activité est liée à leur recherche académique. D’autres, encore, s’orientent vers des fonctions plus classiques qui correspondent à leur spécialisation disciplinaire de thèse (gestion des ressources humaines, marketing, finance, comptabilité, systèmes d’information, data science, etc.).

Ces comportements peuvent expliquer la tension du recrutement dans un contexte de stagnation des effectifs de maître de conférences en management sur la période récente. Les écoles de commerce, elles, se sont désormais pleinement engagées dans la compétition internationale (primes à la publication, anglicisation des parcours).

En réponse à ce monde du travail changeant, l’exercice de la thèse se modifie, intégrant des rituels de promotion de soi. Nous considérons ces évolutions comme le témoin de changements plus fondamentaux dans la construction du savoir scientifique, et les étudions dans une perspective compréhensive et prospective.

Une diversité de thèses

Nombre d’études font état, chaque année, du nombre de docteurs en management ou de leur insertion professionnelle. Ces études sont menées par les universités ou par des organismes externes, comme la FNEGE ou l’association nationale de la recherche et de la technologie. Pour autant, ces études ne reflètent qu’un instantané et ne rendent donc pas compte des dynamiques de la thèse en management. La thèse n’est dorénavant plus un exercice commun. Il s’agirait davantage de parler de thèses, au pluriel, tant les attendus diffèrent selon l’institution, le format choisi, ou la sous-discipline.

Cette discussion mérite d’être approfondie, dans un paysage politique et institutionnel qui ne cesse de se transformer. La loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPR) est actuellement sur le devant de la scène nationale et crispe le monde de la recherche français, craignant un recul des libertés académiques, une menace sur les carrières et les accès aux fonctions universitaires. Ces nouveaux défis sont opaques pour le grand public, qui, dans son ensemble, connaît peu le monde universitaire. Quelles sont, effectivement, les transformations à l’œuvre et avec quelle ampleur ?

Dans le cadre d’un partenariat de recherche avec la FNEGE, lancé en octobre 2020 et pour une durée de deux ans, notre projet vise à rendre visible et accessible la connaissance informelle et implicite sur le travail de thèse, en questionnant le devenir de ce rituel jusqu’à maintenant incontournable. Pour ce faire, nous tentons de répondre à un certain nombre de questions-clés :

  • quels sont les sujets en vogue ?

  • quelle langue de rédaction est privilégiée (anglais ou en français) ?

  • où l’encadrement doctoral et, donc, les doctorants en management se concentrent-ils en France ? Et surtout, quels sont leurs débouchés professionnels, sur plusieurs années ?

En tant que jeunes docteurs en management, issus de disciplines variées, il nous semble important d’instruire le débat dans notre communauté et au-delà, pour guider les choix politiques en la matière. Alors que, dans les pays anglo-saxons ou germaniques, le doctorat est l’une des voies royales pour accéder à des fonctions d’encadrement en entreprise, en France, avec le poids des grandes écoles, le doctorat reste surtout un tremplin vers les métiers de l’enseignement et de la recherche. De fait, en 2013, la Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion (FNEGE) avait déjà montré que 75 % des docteurs en management faisaient le choix de la carrière académique. Cependant, l’accès à un poste universitaire devenant de plus en plus compétitif, le choix de ce débouché, toujours largement majoritaire, est désormais remis en question.

À lire aussi : Réussir l’aventure de la thèse, tout un art !

Des travaux plus récents tendent à montrer que l’employabilité en dehors de la sphère académique dépend, pour beaucoup, de l’activité du doctorant en thèse : c’est aussi au doctorant de créer la valeur externe de son diplôme. Ceux qui quittent le monde universitaire se dirigent majoritairement vers les métiers du conseil, ou rejoignent des projets entrepreneuriaux dont l’activité est liée à leur recherche académique. D’autres, encore, s’orientent vers des fonctions plus classiques qui correspondent à leur spécialisation disciplinaire de thèse (gestion des ressources humaines, marketing, finance, comptabilité, systèmes d’information, data science, etc.).

Ces comportements peuvent expliquer la tension du recrutement dans un contexte de stagnation des effectifs de maître de conférences en management sur la période récente. Les écoles de commerce, elles, se sont désormais pleinement engagées dans la compétition internationale (primes à la publication, anglicisation des parcours).

En réponse à ce monde du travail changeant, l’exercice de la thèse se modifie, intégrant des rituels de promotion de soi. Nous considérons ces évolutions comme le témoin de changements plus fondamentaux dans la construction du savoir scientifique, et les étudions dans une perspective compréhensive et prospective.

Une diversité de thèses

Nombre d’études font état, chaque année, du nombre de docteurs en management ou de leur insertion professionnelle. Ces études sont menées par les universités ou par des organismes externes, comme la FNEGE ou l’association nationale de la recherche et de la technologie. Pour autant, ces études ne reflètent qu’un instantané et ne rendent donc pas compte des dynamiques de la thèse en management. La thèse n’est dorénavant plus un exercice commun. Il s’agirait davantage de parler de thèses, au pluriel, tant les attendus diffèrent selon l’institution, le format choisi, ou la sous-discipline.

À lire aussi : Un directeur de thèse, à quoi ça sert ?

Cette discussion mérite d’être approfondie, dans un paysage politique et institutionnel qui ne cesse de se transformer. La loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPR) est actuellement sur le devant de la scène nationale et crispe le monde de la recherche français, craignant un recul des libertés académiques, une menace sur les carrières et les accès aux fonctions universitaires. Ces nouveaux défis sont opaques pour le grand public, qui, dans son ensemble, connaît peu le monde universitaire. Quelles sont, effectivement, les transformations à l’œuvre et avec quelle ampleur ?

Dans le cadre d’un partenariat de recherche avec la FNEGE, lancé en octobre 2020 et pour une durée de deux ans, notre projet vise à rendre visible et accessible la connaissance informelle et implicite sur le travail de thèse, en questionnant le devenir de ce rituel jusqu’à maintenant incontournable. Pour ce faire, nous tentons de répondre à un certain nombre de questions-clés :

  • quels sont les sujets en vogue ?

  • quelle langue de rédaction est privilégiée (anglais ou en français) ?

  • où l’encadrement doctoral et, donc, les doctorants en management se concentrent-ils en France ? Et surtout, quels sont leurs débouchés professionnels, sur plusieurs années ?

En tant que jeunes docteurs en management, issus de disciplines variées, il nous semble important d’instruire le débat dans notre communauté et au-delà, pour guider les choix politiques en la matière.

Les derniers jours de la thèse en management ? from Fnege Medias on Vimeo.

Trois objectifs principaux sont visés :

  • aider les masterants et les jeunes doctorants à y voir plus clair sur la thèse en management ;

  • révéler la diversité des recherches en management, leur ancrage et leurs préoccupations managériales et sociétales ;

  • cartographier l’insertion professionnelle des docteurs en management pour informer sur l’encadrement doctoral au niveau national. L’analyse des métadonnées de près de 3 000 thèses en management, soutenues entre 2010 et 2019, permet de faire émerger des tendances et d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion.

Trois grandes tendances…

Langue d’écriture et format du manuscrit de thèse

En dix ans, le nombre de thèses rédigées en langue anglaise a plus que doublé. Il sera intéressant d’étudier les antécédents qui conduisent à ce choix : décision du doctorant, décision du directeur de thèse, exigences disciplinaires, volonté d’expatriation, parcours académique antérieur, course à la publication scientifique, etc. Les premiers résultats montrent un lien fort entre la langue d’écriture (anglais vs. français) et le format de la thèse (sur essais vs. monographique), suggérant une internationalisation de la démarche doctorale.


Évolution du nombre de thèses en management rédigées en anglais. 

Sans surprise, un petit nombre d’universités et d’écoles, situées dans les plus grandes métropoles, concentrent l’encadrement doctoral en management.

Selon l’observatoire des thèses de la FNEGE, sur ces dix dernières années, Paris, Lyon, Marseille, Lille, Grenoble et Montpellier tirent leur épingle du jeu, avec au moins 100 thèses soutenues. De ce fait, on peut se questionner sur les raisons qui permettent à un pôle régional d’émerger, en particulier, au regard du financement de la recherche (dotations publiques, formations, etc.).


Nombre de thèses en management soutenues entre 2010 et 2019.

Caractéristiques de l’encadrement doctoral et impact sur la carrière

Le directeur de thèse joue un rôle important, voire crucial, dans le marathon de la thèse, mais aussi dans l’orientation professionnelle. Certains travaux ont déjà mis en avant les profils du/des directeur(s) de thèses comme déterminant(s) pour l’insertion professionnelle, en précisant, par exemple, que, lorsque “le statut du directeur de thèse est élevé”, le docteur s’oriente plus facilement vers un premier poste en université. Partant de ce constat, nous nous questionnerons sur les critères pertinents pour caractériser l’encadrement doctoral, en étudiant notamment le rôle joué par la codirection de thèse.


Évolution du nombre de thèses en management dirigées par deux directeurs ou plus.

Quelques pistes de recherche

Au-delà de l’approfondissement des trois tendances précitées, notre démarche nous conduit à formuler quatre pistes de recherche. Tout d’abord, la question de la place de la qualification aux fonctions de maître de conférences (MCF) dans l’insertion professionnelle des docteurs est lancée : quelle est la part des docteurs qualifiés ? Combien d’entre eux sont en poste, et ce, combien d’années après leur soutenance ? Que deviennent les docteurs non qualifiés ?

Ensuite, outre l’enjeu de la qualification, les parcours types d’accès aux fonctions d’enseignant-chercheur (MCF, à l’université, ou professeur assistant, en business school) et les profils des docteurs sont tout aussi déterminants : âge, genre, formation initiale, discipline, ancrage avec les préoccupations managériales du moment, encadrement doctoral, laboratoire, université, publications et classement, etc. Puis, la dimension informelle, clé de voûte de la thèse en management et de l’insertion professionnelle des docteurs dans le monde académique, invite à de nouvelles réflexions, d’autant plus que les règles du jeu changent rapidement.

L’enjeu de notre projet se manifeste à plusieurs niveaux et s’inscrit dans un horizon temporel de long terme : nous ferons état de ses bouleversements et analyserons ses implications, comme ont pu le faire récemment un collectif de sociologues du travail sur le cas des mathématiques. Ainsi, nous espérons contribuer à la réflexion déjà féconde sur la thèse comme support de création de connaissance, mais aussi comme outil d’insertion dans la carrière.

Ce projet de recherche est soutenu par la FNEGE, les Ateliers de Thésée et Grenoble École de Management.

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